Bombardement 26 Mai 1944 Chambery 16Bombardement 26 Mai 1944 Chambery 16
©Bombardement 26 Mai 1944 Chambery 16

Podcast Chambéry’Cimes Les abris antiaériens Chambéry

Sous les collines de Bellevue et de Lémenc se cachent encore des galeries mpreintes de mémoire. Construits à la veille de la Seconde Guerre mondiale, les abris antiaériens ont abrité des milliers de Chambériens lors des alertes et, surtout, lors du bombardement tragique du 26 mai 1944. Aujourd’hui, ces lieux demeurent des témoins précieux : ils racontent la peur, la solidarité et la résilience d’une ville frappée en plein cœur.

Dans cet épisode de Chambéry’Cimes, partez à la découverte de l’un de ces abris – celui du clos Savoiroux – aux côtés de Jacques Viout, vice-président des Amis du Vieux Chambéry, pour lever le voile sur cette page méconnue mais essentielle du patrimoine chambérien.

Chambéry’Cimes – Épisode 04

Abri du
Clos Savoiroux,
témoin du bombardement
du 26 mai 1944

C’est une page tragique de l’histoire de Chambéry qui s’ouvre ici : celle du vendredi 26 mai 1944. Une journée marquée à jamais dans l’âme et la physionomie de la ville, autant que dans la destinée de celles et ceux qui y vivaient alors…

Ce 26 mai 1944, il est 6 heures du matin. Dans le sud de l’Italie, 900 bombardiers alliés s’apprêtent à décoller. À chaque chef de bord est remise une enveloppe scellée, contenant l’objectif de la mission. À Nice, Grenoble, Lyon Vaise, Saint-Étienne… et Chambéry : partout, les gares sont visées. Progressivement, dans ces villes qui s’éveillent, les sirènes résonnent. Ce jour-là, 720 bombes de 227 kg chacune s’abattent sur Chambéry.

Pour retracer cette journée où la ville fut bombardée, Jacques Viout, vice-président de la société des Amis du Vieux Chambéry, apporte son éclairage. Il entraîne les auditeurs dans un lieu insolite, pourtant essentiel au patrimoine chambérien : l’abri antiaérien du clos Savoiroux.

Albert Perriol
Maire de Chambéry
1935 -1941

En 1938, le gouvernement français fait parvenir une note secrète à tous les maires de France les invitant à faire construire des abris antiaériens dans la perceptive d’un éventuel conflit. À l’époque aucun maire ne répond à cet appel, excepté un seul : il s’agit d’Albert Perriol, alors maire de Chambéry.

Pourquoi Albert Perriol veut-il se lancer dans ce vaste programme de construction d’abris ?

Chambéry est construite sur un marécage et ne possède, dans sa partie ancienne, aucune cave pouvant servir de refuge à la population en cas de bombardement. Il faudra remédier à cette carence et percer les deux collines qui entourent la ville : la colline de Bellevue d’une part, la colline de Lémenc d’autre part.

La construction
des abris

Dès février 1939, on entreprend de percer la colline de Bellevue. Dans un terrain sableux, une galerie bétonnée de 500 m de long, dotée de 4 entrées et pouvant recevoir 3 000 personnes est aménagée. Le 1er septembre 1939, date qui marque le début de la seconde guerre mondiale, l’abri de Bellevue est opérationnel.

La colline de Lémenc est ensuite dotée de deux autres abris. Ces deux abris sont percés dans la roche calcaire et sont d’aspect très différent de celui de Bellevue.
L’abri du clos Savoiroux : il mesure 200 m de long et peut recevoir jusqu’à 1 500 personnes.

L’abri Nézin : il offre 150 m de galerie et peut recevoir 1 000 personnes. À l’époque, l’entrée principale se situe sur l’actuelle avenue des ducs de Savoie.

Plus tard, sera percé mais jamais achevé, l’abri de Maché. Celui-ci se situait sous l’esplanade du château des ducs de Savoie. Terminé, il aurait pu accueillir 2 200 personnes (aujourd’hui, parking du château).

Au centre-ville, des tranchées abris sont aménagées. Celles-ci sont de faible profondeur. Elles n’offrent qu’une protection relative contre le souffle des bombes et la chute des immeubles. On les retrouve du boulevard du théâtre jusqu’à l’avenue du comte Vert.

À ces abris, il faudra ajouter les différents abris aménagés dans les établissements scolaires.

Avec ces équipements hors-normes, Chambéry se classe en tête des villes de France pour la protection des populations contre les bombardements aériens.

Pour une population de 30 000 habitants, les abris pouvaient accueillir environ 12 000 personnes.

 

26 mai 1944
Le jour où Chambéry fut bombardée

 

Les préparatifs du débarquement en Normandie poussent les alliés à neutraliser les centres ferroviaires. La volonté est de désorganiser les mouvements de l’armée allemande, pour l’empêcher de renforcer ses effectifs du côté des plages normandes, où se prépare l’opération Overlord.

Le 26 mai 1944, plusieurs villes du Sud-Est de la France seront bombardées : Nice, Grenoble, Lyon, Saint-Etienne… Chambéry fait partie de cette liste. L’objectif assigné sur le plan de vol concerne ses installations ferroviaires et particulièrement la rotonde ferroviaire.

Première vague du bombardement
10h44 – 20 secondes

La première vague vole à 6 096 m d’altitude.
Une fusée verte, tirée par l’avion de tête, déclenche l’ordre de largage des bombes.

Malgré l’idée reçue, le premier bombardement touch de plein fouet la gare et ses installations.

La rotonde est traversée par 3 bombes,
48 machines sont mises hors d’usage,
L’ensemble des installations autour de la rotonde est détruit,
Le poste d’aiguillage du faubourg Reclus est pulvérisé.,
L’intérieur du bâtiment des voyageurs est soufflé.
Oui, la gare de Chambéry a bien été lourdement impactée, le 26 mai 1944.

Seconde vague du bombardement
10h44 – 50 secondes

L’opérateur dans l’avion de tête ne peut pas localiser l’objectif recouvert par les fumées de la première vague du bombardement. L’ordre de largage des bombes sera donné 30 secondes trop tôt.

Malheureusement, ce second largage va atteindre le cœur de la ville : un secteur compris entre la rue Doppet, le boulevard du Musée, le boulevard de la Colonne (et ses tranchées abris), un côté de la rue de Boigne, la place de Genève et plus loin, la rue Juiverie. Les rues comprises dans ce périmètre furent plus ou moins touchées.

Au total, le bombardement de Chambéry aura duré 90 secondes.
72 avions auront largué chacun 10 bombes de 227 kg.
Il n’y aura eu ni bombe à retardement, ni bombe incendiaire.

Victimes, secours et funérailles

200 personnes furent tuées.
On compte 300 blessés et 3 000 sinistrés.

À côté des destructions d’immeuble, c’est surtout le feu qui détruira le cœur de la ville.
Les bombes provoquèrent l’incendie des bâtiments touchés et le feu se répandit d’immeuble en immeuble, provoquant le grand incendie de Chambéry.
Pendant 3 jours, le centre de Chambéry fut la proie d’un immense brasier impossible à contenir. Les derniers foyers ne seront complètement éteints que le 25 juin 1944.

Les funérailles

Une cérémonie officielle aura lieu le lundi 29 mai 1944, place de la Cathédrale.
72 cercueils seront regroupés pour un office solennel.

Pour les Chambériens, le bombardement du 26 mai 1944 restera cette page écrite en lettres de feu et de sang.
Les rapports de la police et de la gendarmerie relatent de nombreux actes de courage et de désintéressement émanant même de sinistrés envers de plus malheureux qu’eux. Cette page de l’histoire est synonyme d’un élan de solidarité extraordinaire.

Chacun est venu apporter son aide. Alors, Chambéry a commencé à renaître…

 

 

Chambéry’Cimes
est un podcast Chambéry Montagnes

Prise de son, montage, mixage et réalisation : Kamel Bouziane, Art AbordSavoie.

Des mélodies signées Skal.

Pour cet épisode : une découverte de Chambéry en compagnie de Jacques Viout, vice président de la société des Amis du Vieux Chambéry et Julie Chavaribeyre pour l’office de tourisme

L’ensemble des photos d’archive a été partagé par la société des Amis du Vieux Chambéry. Merci pour cette collection d’images…

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